Lavage de cerveau, travaux harassants, punitions fréquentes: la Scientologie vue de l'intérieur
Le HuffPost/AFP
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Publication: 16/03/2013 11h32 CET | Mis à jour: 15/05/2013 11h48 CEST
Dans Beyond Belief (Au-delà de la foi), Jenna Miscavige, aujourd'hui âgée de 29 ans, décrit par le menu les durs travaux qu'elle et d'autres enfants devaient réaliser dans les années 1990 au "Ranch", un internat éloigné de tout, situé dans le désert californien, à quelque 150 km au sud-est de Los Angeles.
"L'église est une organisation dangereuse dont les croyances l'autorisent à commettre des crimes contre l'humanité et à violer les droits les plus basiques", écrit celle qui voit dans la Scientologie "une expérience de lavage de cerveau": "La Scientologie est un système qui rend quasiment impossible de penser à soi".
Au Ranch -"un camp d'entraînement militaire aux routines exténuantes et aux inspections épuisantes"-, les enfants pouvaient voir leurs parents à peine quelques heures par semaine. Sans recevoir d'éducation au sens classique du terme, ils étaient contraints de réaliser de durs travaux de construction, se rappelle Jenna Miscavige, qui y a passé 6 ans, jusqu'à l'âge de 12 ans.
Jusqu'en 2000, cet internat recevait les enfants des membres du "Sea Org" -le "clergé" de l'église de Scientologie-, qui travaillaient 14 heures par jour, sept jours sur sept pour un salaire hebdomadaire de 45 dollars, écrit-elle. Autant d'éléments également évoqués dans un autre livre, sorti en janvier aux Etats-Unis, Going clear, du journaliste Lawrence Wright -un livre "ridicule" selon l'église de Scientologie.
Du "révisionnisme" pour l'église scientologue
Au menu des enfants de l'internat scientologue, selon Jenna Miscavige: traîner d'énormes pierres pour édifier un mur ou creuser des canaux d'irrigation sous un soleil de plomb. "Les conditions dans lesquelles nous travaillions auraient été difficiles pour un adulte, et pourtant si quelqu'un se plaignait, protestait ou posait des questions, il était immédiatement puni", poursuit-elle.
Les acteurs Tom Cruise, John Travolta ou Juliette Lewis, le chanteur Beck, font partie des scientologues les plus connus. Pourtant, "il n'y avait aucun risque qu'ils puissent voir des enfants travailler ou toute autre chose que l'église ne souhaitait pas qu'ils voient", souligne Jenna Miscavige.
Cette dernière, comme Lawrence Wright ou d'ex-scientologues, à l'instar du réalisateur et scénariste canadien Paul Haggis -auteur d'une lettre ouverte publiée quand il a quitté l'église-, critique également la politique de "déconnexion" promue par la Scientologie, qui interdit à ses membres de parler à des personnes la remettant en cause.
Karin Pouw, porte-parole de l'église de Scientologie, a elle qualifié le livre de "révisionnisme" rédigé par une "apostat". "L'église ne prend part à aucune activité qui maltraite des enfants ou les oblige à réaliser du travail manuel, (...) et respecte toutes les lois protégeant les enfants", a défendu Karin Pouw: "Des affirmations qui disent le contraire sont fausses".
Protégée au Etats-Unis par la constitution, qui garantit la liberté de culte, l'église de Scientologie est considérée dans d'autres pays comme un secte. En France, elle a été condamnée il y a un an pour escroquerie en bande organisée.